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Pendant que le ministère de la santé de la République Démocratique du Congo vient de rendre disponible les nouvelles doses de l’AstraZeneca, à Rutshuru au Nord-Kivu certaines Ongs et entreprises privées obligent leurs agents à la prise de ce vaccin avant de renouveler leurs contrats. Pourtant interdite, cette pratique est observée depuis le démarrage de la campagne vaccinale. Des jeunes désœuvrés en profitent pour se le faire injecter. Non pour se prévenir contre cette pandémie mais afin de trouver un jeton pour accéder aux petits boulots.
En ce petit matin du vendredi 25 juin l’ambiance semble inhabituelle devant le portail de la société PREMIDIS. Ces entrées et sorties intempestives des gens à la porte suscitent notre curiosité. Le premier à nous approcher, c’est cet ancien agent très furieux de cette usine de production d’alcool situé à Rutshuru au Nord-Kivu dans l’Est de la RDC. Il n’en revient pas. « Je ne sais pas accéder aux installations de mon employeur. C’est juste parce que je n’ai pas des jetons de vaccination exigé depuis le début de la campagne. » s’exclame-t-il devant son collègue recruté il y a peu. Et comme pour lui faire de chantage, ce nouvel agent avec contrat journalier lui revient avec un discours de mépris : « Je dispose d’un document hautement placé pendant cette période de crise sanitaire du coronavirus ». « Je dois entrer en premier » fulmine-t-il en nous montrant ce petit document considéré ici comme billet d’entrée. A la veille, c’était la même scène. Aux alentours de 18 heures déjà, des nombreux jeunes désœuvrés et en quêtes d’emploi ont afflué la zone. Certains parmi eux, ont été contraints d’aller avaler cette dose du vaccin contre la Covid19 pas pour se prévenir contre cette pandémie mais ne fut-ce que pour tomber sur un petit contrat. C’est le cas de Mr Patient MIHIGO : « Je ne peux pas sacrifier mes enfants de faim en refusant ce vaccin : seule condition pour etre retenu. »
Non loin de là, c’est à l’hôpital Général de Référence de Rutshuru. Nombreuses personnes contactées parlent du renouvellement des contrats par l’ONG Médécin Sans Frontière avec comme exigence : avoir été vacciné contre le Coronavirus. Information confirmée sous anonymat par une infirmière en raison de garder son poste. Pourtant au lancement de cette campagne de vaccination il y a plus de deux mois au Nord-Kivu comme en République Démocratique du Congo, le ministère de la santé avait annoncé le consentement libre pour sa prise.
Même si du côté de Médecin Sans Frontière à Rutshuru cette pratique n’est pas rendu public les statistiques révèlent une réussite dans la consommation des premières doses de l’AstraZeneca expirées ce 24 juin dernier. Selon le Médecin Directeur de cet hôpital appuyé par MSF France depuis le 16 mai plus de 500 personnes se sont fait vacciner dans les deux sites installés dans la zone de santé de Rutshuru. Docteur Christian BITWAIKI SEMAMFA parle d’un score de 90 pourcent des vaccinés seuls pour les agents des structures sanitaires et ceux des entreprises privées.
Signalons que plus de 6 000 personnes ont été vaccinées avec l’AstraZeneca, au Nord-Kivu, à compter d’avril dernier. Des chiffres fournis aux journalistes ce 24 juin dernier à Goma par le Coordonnateur provincial du Programme Elargi de Vaccination (PEV). Pour le Docteur Stéphane Hans Bateyi la province a réceptionné des nouvelles doses du Vaccin en remplacement de celles mises à l’écart après leur expiration. Une nouvelle opportunité pour ces chercheurs d’emploi qui se rangent derrière les jetons et non pour vouloir se prévenir contre cette pandémie.
AMARA NZEESI
