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Planter du chou, de la tomate et des amarantes aux abords des
maisons et dans les parcelles inhabitées, c’est à cela que se livrent certains déplacés de guerre vivant à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, dans la province
congolaise du Nord Kivu.  Dans cette agglomération, vivent plus de 1 700 familles, environ   8500 personnes dont les   femmes et les enfants.  Ils sont chassés de leurs villages à cause des massacres et des tueries des civils orchestrés dans cette région de l’Est de la RDC depuis environ 7 ans par les présumés rebelles de l’ADF (Forces démocratiques et alliés). Dépourvus de tout, et parfois sans assistance humanitaire, seuls les jardins font l’affaire pour leur survie.

Dans une parcelle inhabitée située derrière l’Institut Masosi, dans la banlieue Ouest de la commune d’Oicha, Kavira Marie-Jeanne, déplacée de guerre fait la récolte des choux. Cela fait environ quatre mois depuis que cette déplacée entretien ce jardin pour la prise en charge de sa famille. A côté, se trouve un autre lopin de terre dans lequel poussent les plantules de tomate. « Bientôt ça sera la même activité pour la tomate », soupire-t-elle toute souriante.

Après avoir tout laissé au village de Ndalya, en Ituri, au Nord-Est de la RDC, Kavira Marie-Jeanne n’a que cette portion de terre pour nourrir et scolariser ses 7 enfants. Et comme son mari n’a pas de travail cette femme peut labourer ici autant de fois en attendant que le propriétaire de la parcelle ne soit prêt à y bâtir une maison.

« C’est un homme de bonne volonté qui m’a donné ce lopin de terre. Je suis entrain de l’exploiter, et grâce à ça je trouve de quoi manger. Je paie les frais scolaires pour mes enfants, j’honore les factures pour leurs soins médicaux. Bref, je mène ma vie comme tout le monde », se réjouit-elle.

Soutenues pour etre productrices et commerçantes

Comme pour Kavira Marie-Jeanne des nombreuses femmes déplacées bénéficient de l’encadrement de certaines associations locales œuvrant dans l’agro-pastorale. Ceci les encourage à se livrer dans cette culture des produits maraichers. Aujourd’hui grâce à cet appui les alentours de la commune d’Oicha sont devenus verdoyant et le marché local inondé par les légumes. Pour capitaliser leurs recettes, la plupart de ces femmes ne restent pas seulement productrices. Elle se lancent elles- même dans la vente de cette denrée alimentaire. Certaines s’en sortent avec des bénéfices allant de 50 et 100 dollars pour une seule récolte.  Pourtant, celle-ci se fait généralement après chaque trois mois pour un jardin.

 « C’est plus payant que de vendre en gros. C’est la meilleure méthode, surtout au regard des lourdes charges familiales que nous avons. J’ai plusieurs bouches à nourrir, des enfants jusqu’à leur père », témoigne madame Eliza Mawazo, rencontrée à l’entrée Nord du marché d’Oicha avec un sot plein d’amarantes.

Ces femmes sont exemptées de la taxe dite « Entrée marché » imposée par la commune. Au marché central d’Oicha par exemple, ces déplacées travaillent avec toute quiétude : « Nos taxateurs les connaissent bien. Grâce à eux, nous faisons régulièrement leur identification », assure Jean de Dieu KIBWANA, Bourgmestre de la commune d’Oicha.

Déplacés et autochtones reconvertis grâce au jardin

L’entretien de ces jardins attire aujourd’hui non seulement les femmes déplacées mais également certains hommes. C’est le cas du nommé SIKULI Marcel. Depuis plus de 2 ans dans le site d’hébergement de déplacés de guerre de Muloku au quartier Oicha 1er, Marcel s’est lancé dans l’entretien de ses trois jardins situés proche de la commune. Son rêve étant de sortir de cette vie de promiscuité sans aucune règle sanitaire, cet homme et sa famille viennent de s’installer dans leur propre maison à Pakanza non loin de là. C’est après avoir vendu sa parcelle de Mayimoya abandonnée suite à l’activisme des ADFs dans la région. « Je n’ai reçu aucune assistance pour bâtir ma nouvelle maison. Mon travail n’est rien d’autre que mes trois jardins. C’est avec ça que j’ai eu d’autres moyens pour réussir mon projet. », déclare SIKULI Marcel.

Plusieurs personnes, y compris les autochtones n’ayant pas accès à leurs champs à cause de l’insécurité, se lancent désormais dans cette activité. Elles affirment trouver cette occupation comme une alternative dans une région où le désespoir s’installe progressivement. Le rêve de pouvoir revoir un jour leurs champs du village étant hypothétique avec cette recrudescence de cas des tueries dans le territoire de Beni.

Jackson SIVULYAMWENGE.

 

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