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Un groupe d’éléphants continue de se balader depuis plusieurs mois pour dévaster les champs des paisibles populations riveraines du Parc National des Virunga dans le secteur de Ruwenzori en territoire de Beni. Cette situation est décriée par la société civile forces vives de la région. Selon elle, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ICCN reçoit régulièrement des alertes des victimes mais rien n’est fait. Avec l’absence d’une clôture électrique pouvant empêcher à ces pachydermes de s’en prendre aux cultures des habitants, la seule économie locale est en péril. Les animateurs de cette structure citoyenne voudraient entrer en guerre contre l’ICCN avec des actions des grandes envergures.

En ce début d’année, une grande désolation a gagné les esprits des populations riveraines du Parc National des Virunga sur l’axe Bulongo-Kasindi dans le secteur de Rwenzori. C’est après le passage d’au moins quatre éléphants accompagnés de leurs éléphanteaux laissant derrière eux une image insupportable. Des plantes de manioc rasées, des bananiers, papayers et canne à sucre renversés par terre, c’est la catastrophe dénoncée par la notabilité de cette région.

Des habitants dans le désarroi face à la menace.

Trouvé dans sa bananeraie en pleine journée à Kyaviboko, contrée du groupement Malambo, Kasereka Kyawere, la trentaine, est furieux. A notre approche, il semble nous confondre aux éco gardes de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, ICCN, chargé d’assurer la sécurité du Parc National des Virunga PNVi.

« C’est bien que vous soyez venus. Nous allons maintenant nous parler à face », nous lance cette victime avec sa machette en mains. Le problème : ce sont des éléphants qui ont pris d’assaut ses bananiers et une bonne quantité de régimes préparées pour la fabrication de la “Kasiksi” cette boisson traditionnelle faite à base des bananes.

« Vos éléphants ont détruit mes biens. J’avais tout un tas des bananes prêtes à la vente pour la scolarisation de mes enfants. Je ne sais plus comment je vais les prendre en charge avec cette situation. Est-ce que nous allons chaque fois travailler pour des éléphants ? », s’est-il adressé à l’un de nous sous nerfs tendus. Dans notre équipe, il identifie, le point focal de l’ICCN chargé de nous accompagner. Ce qui augmente sa colère. Et du coup, il refuse de nous accorder l’entretien. Pour lui, cet agent communautaire de l’ICCN doit d’abord aller demander à sa hiérarchie de régler ce différend.

Il n’est pas seul, Nicolas Basamungana, est un autre cultivateur de Hululu dans le groupement Basongora à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. Lui aussi fait face à la même réalité. Au visage pâle et croisé sur son chemin de retour, son champ a été complètement détruit par les mêmes animaux.  

« Je suis vraiment désolé de trouver mon champ des maïs et des bananes, entièrement dévastés. Alors que cela où j’avais placé tout mon investissement pour le futur. Malheureusement, cette menace des Virunga vient de tout détruire avant la moisson. Que les gestionnaires de ce Parc s’emploie à nous de dédommager », s’exclame-t-il

Même les étangs piscicoles aménagés par certains habitants pour pallier la carence des poissons dans ces villages ne sont pas épargnés.

« Voyez, le canal d’approvisionnement en eau est bouché, les poissons meurent par manque d’eau à cause des éléphants » indique Tembo Esimo Lewis, coordonnateur d’Actions des Volontaires pour la Promotion de l’Environnement, AVEPE, une organisation locale.

Une société civile aussi impuissante au silence de l’ICCN. 

Au lieu de mener des actions de plaidoyer, la société civile du secteur de Ruwenzori se lamente autant que les pauvres citoyens victimes de cette situation.

« C’est vraiment un grand défi auquel nous faisons face. Alors que notre population ne vit que de l’agriculture, nous venons de perdre plus de dix hectares de nos cultures dévastés par des animaux en provenance du Parc National des Virunga. Si rien n’est fait dans l’urgence pour contrer ces bêtes à ne pas traverser du Parc des Virunga vers la chefferie, on va bientôt assister à une carence alimentaire », déplore Kambale Wanzamdo alias Lalo ya raiya, de la société civile locale.

Conscient de ce fléau, le conservateur communautaire PALUKU BIKANZA dit avoir plusieurs fois alerté le conservateur communautaire du site mais sans succès. Celui-ci ne donne toujours pas de réponse favorable à cette urgence jugée de catastrophique économique pour la communauté riveraine du PNVi. Et pourtant, l’éléphant est l’un des espèces rares à protéger partant de ses avantages écologiques et touristiques.

La société civile forces vives du secteur de Ruwenzori qui s’en inquiète, promet pour cette fois, de saisir la justice à ce sujet. Ricardo Rupande son président dénonce la mauvaise volonté de l’ICCN dans l’éradication de ce phénomène.

Pour rappel, au cours de notre récent entretien avec le directeur adjoint du Parc National des Virunga secteur Nord, ce dernier a pourtant promis de résoudre cette question entre le 5 et le 15 janvier 2022. Peu avant, la nouvelle société civile congolaise du secteur de Ruwenzori venait d’accorder un ultimatum de 7 jours aux autorités de ce patrimoine mondial de l’UNESCO avant de lancer des actions des grandes envergures. C’est dans l’objectif de trouver gain de cause en faveur de cette population victime du vagabondage des animaux du Parc National des Virunga.

Vosi Mbahingana Jean

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