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Les échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo et le Burundi tournent aux ralentis depuis l’ouverture il y a deux mois de la frontière de Kanvira à Uvira au Sud-Kivu. En cause, 35$ comme frais exigés par les deux pays pour le test Covid19 avant chaque traversée. Cette situation étouffe le trafic entre les deux pays pourtant la récente rencontre entre Felix Tshisekedi et Evariste Ndayishimye était une opportunité pour repêcher des nombreux opérateurs économiques plongés au chômage.

En faisant un tour à Kavinvira à la frontière entre la RDC et le Burundi, certains congolais grincent les dents avant de payer 35$ juste pour une traversée vers chez leurs voisins. Cette cagnotte perçue comme frais du test Covid est partagée par les deux pays. Le Burundi lui, se taille la part du lion avec 30$ à chaque trafic. Tandis qu’à la partie congolaise 5 $ suffisent pour se mouvoir vers les deux pays et cela avec un billet d’une validité de 14 jours. Une tarification qui n’arrange pas du tout des chauffeurs trafiquant ce point d’entrée.
Nombreux d’entre eux sont désormais plongés au chômage depuis l’instauration du système. « Nous sommes tous incapables de payer les frais de test Covid à chaque fois que nous nous rendons au Burundi », s’exclame Richard MAURIDI, ce chauffeur retrouvé en pleine conversation avec ses collègues à Mulongwe dans le centre-ville d’Uvira. Pour lui, ce qui complique la donne c’est l’insouciance du gouvernement Burundais sur la misère de la population pendant cette période de crise sanitaire. « Chez nous en RDC cet argent ne pose pas problème car c’est pour 14jours. Et même si vous faites un aller- retour au Burundi plusieurs fois par jour. Mais de l’autre côté, ce n’est pas le cas. Une fois que tu fais cela le même jour, les frais payés du test Covid tombe immédiatement » regrette cet autre conducteur qui s’est résolu de clouer au sol son véhicule dans un enclos proche de la frontière.

Des frais pour étouffer les échanges commerciaux

Ils ne sont les seuls. Cette situation crée également un handicap dans le train des exports et imports. Les grands opérateurs économiques sont aussi touchés. Selon le président des transitaires d’Uvira, ces derniers accèdent difficilement à leurs marchandises. « Beaucoup de nos produits viennent de l’Afrique de l’Est. Nous devons traverser chaque jour pour nous rendre compte de l’état de nos importations. Depuis, personne d’entre nous n’y va régulièrement. Comme il est difficile de payer une double facture notamment avec les chauffeurs, nous tentons de travailler avec nos collègues Burundais. » se désole Mr NDINGARI MATABISHI, ce commerçant désemparé par ce qu’il considère comme un poids mais avec deux mesures oublié par les autorités Congolaises. « Avec cette collaboration en distance sollicitée auprès de nos amis de l’autre pays nous travaillons à perte. Bientôt nous seront en faillite si rien n’est fait » s’exclame-t-il impuissamment.
En effet, c’est face au risque de propagation de la Covid-19 que le Burundi a dû fermer ses frontières le 23 Mars 2020 avec la République démocratique du Congo. Cette décision consistait à se prévenir contre la pandémie du Coronavirus. Une mesure qui, malheureusement a contribué au ralentissement des activités économiques, notamment dans les secteurs du tourisme et du commerce entre les deux Etats. Alors que l’espoir se profilait à l’horizon, la reprise des activités frontalière le 1er juin dernier s’est plutôt convertie en fonds de commerce occasionnant ainsi un désespoir total aux usagers de cette zone. « Nous pensions que les activités économiques retourneraient à la normale comme auparavant. Mais ce n’est pas le cas », s’indigne VUMILIA KWIBE, présidente de la plate-forme des associations et coopératives des commerçants transfrontaliers d’Uvira.

Des autorités insouciantes de leurs bases

Une inquiétude passée inaperçue aux yeux des autorités de ces deux pays. Pourtant les têtes à têtes entre le Président Burundais et celui de la RDC en juillet dernier était une opportunité pour introduire la question souligne Mr BWIJA Kelvin, coordonnateur de la société civile des compatriotes Congolais SOCICO-RDC. « Lorsque nous avions appris que le président du Burundi se rendait à Kinshasa pour rencontrer son homologues Congolais, nous pensions qu’ils allaient harmoniser les frais alloués pour les tests de Corona virus à leurs frontières communes. Ce qui est étonnant, les deux chefs d’Etats se sont plus penchés sur la construction des ponts pour véhicules et piétons entre les provinces du Sud-Kivu(RDC) et Cibitoke(Burundi) sur la rivière Ruzizi » s’insurge-t-il avant de souligner que l’exploitation agricole dans la plaine de Ruzizi, la réhabilitation et l’électrification de la Route Bujumbura-Uvira-Bukavu et Goma restent des projets à long terme pour lesquels Felix Tshisekedi et Evariste Ndayishimiye ne devraient pas s’attarder et laisser les effets collatéraux de la covid19. Et pendant que les deux hôtes revenaient aussi sur la sécurité des frontières entre les deux pays et dans les hauts plateaux d’Uvira, des nombreux habitants de la région ont décrié cela comme un manque de considération des besoins prioritaires de la base notamment avec cette déclaration du ministre Burundais de la santé Thaddée Ndikumana lors de la réouverture de cette frontière. « Le trafic entre les deux pays se déroule dans le strict respect des mesures préventives à la Covid-19. Tous les cas qui arrivent sont passé au crible. Il n’y a aucun risque. Désormais, le passage de la frontière Burundaise est conditionné par un dépistage rapide, dont les frais sont fixés à 30$ pour les étrangers entrant au pays » se rappellent-ils. Une source gouvernementale Burundaise au ministère de la santé renseigne que ces frais ne sont pas exorbitants vu les dépenses allouées pour la passation des tests. Déclaration qui prouve en suffisance le rejet de la plainte d’un député national de la circonscription d’Uvira qui avait déjà évoqué ce problème dans une correspondance envoyée à la présidence de la RDC. Pour renforcer son plaidoyer, le Député Claude MISARE annonce une rencontre avec ses collègues du Burundi à l’assemblée nationale à Bujumbura pour parler de cette situation au profit des populations de ces deux pays.

Gaius SHABILEPA

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